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[Témoignage] Une Double Immigration pour Morgane, Après Montréal, Vancouver !

Un nouveau témoignage vient s’ajouter à cette belle série que j’ai lancé il y a peu… l’idée étant de vous donner une vision réaliste sur l’expatriation au Canada et surtout, un retour d’expérience de profils différents à travers le Canada. Pour ce témoignage-ci, découvrez une double expérience, Morgane a d’abord vécu un an à Montréal avant d’aller tenter sa chance de l’autre bout du pays, à Vancouver dans la province de British Columbia où elle vit actuellement.

À lire ou à relire:

  1. Caroline et Frédéric en PVT dans la Région de Charlevoix, QC
  2. Entre Permis d’Études et Permis de Travail à Montréal, QC
  3. Manon et Luc, deux Toulousains installés à Montréal, QC
  4. Jérôme & Chloé Impatients de Quitter Montréal !
  5. Pauline évoque le problème du manque d’heures de travail
  6. Le Problème De l’Isolement Social, La Famille Brocard Raconte…

Je m’appelle Morgane et je suis française de la région du Sud-Est, et avant de partir pour le Canada j’habitais à Cassis. J’ai décidé de partir au Canada non pas parce que je détestais la France et ma vie là-bas, mais parce que niveau professionnel ça ne se passait pas très bien. J’évoluais dans un mauvais environnement. En effet j’étais une femme Ingénieur donc même si je venais d’une excellente école d’Ingénieur, que j’étais bilingue en Anglais et que je travaillais beaucoup plus que mes collègues, rien n’était assez bien. J’avais forcément été embauchée pour remonter les quotas alors que je n’avais pas le bon diplôme et les bonnes capacités, je me suis faite harcelée au travail sans rentrer dans les détails car ce n’est pas le but de ce témoignage. A chaque fois cela me retombait dessus, je n’aurais pas dû le prendre comme ça, je n’aurais pas dû lui faire la bise et en même temps est-ce que je ne l’aurais pas cherché un peu. J’ai donc essayé de trouver un autre travail : entre les entretiens où on vous rabaisse constamment, mes prétentions salariales trop élevées et ainsi de suite, j’ai vite vu que ce serait compliqué de retrouver ailleurs.

Et pourquoi pas le Canada ?

J’ai alors des copines qui m’ont conseillé de partir en PVT ! J’ai fait une demande pour le Canada comme ça je pouvais ramener mon chat, et tout le monde parlait de Montréal comme l’Eldorado des Français. D’accord il faisait froid l’hiver, mais si on était bien équipé c’était très bien, en plus il y avait plein d’activités, la vie n’était vraiment pas chère, c’était super facile de trouver du travail et les québécois étaient si gentils. J’ai donc fait une demande pour le PVT Canada, en me disant que je ne l’aurais jamais car il était trop demandé. 3 mois après j’ai obtenu mon PVT, ce fût une immense surprise, j’ai donc démissionné et décidé de partir pour Montréal, cette ville dont tout le monde faisait l’éloge.

Hello Montréal !

En Mars 2018, je suis partie, avec 2 valises, mon chat, un AirBnB pour 2 semaines dans le quartier de Verdun et un peu plus que ce qui était demandé sur mon compte en banque car je n’avais pas de billet retour.
Les premières démarches ont été très faciles, ouverture d’un compte en banque chez DesJardins faite dès le premier jour, le logement n’a pas été si facile à trouver car contrairement à la France, au Canada les propriétaires peuvent interdire d’avoir un animal de compagnie. J’ai quand même eu de la chance et au bout de 2 semaines j’avais un logement, même s’il n’était pas vraiment comme je voulais et que le loyer était le même que ce que je payais à Cassis alors qu’il était beaucoup moins bien.

Et puis pour le travail, beaucoup plus facile qu’en France aussi, 3 semaines après mon arrivée j’avais un emploi dans mon domaine, comme ils sont en pénurie d’informaticiens, c’était vraiment facile. Au début j’étais très optimiste, même si je ne trouvais pas les Québécois si accueillants que ça.Mais au bout de quelques temps j’ai vite déchanté. Déjà, le climat ne me correspondait pas du tout. L’hiver était juste horrible pour moi et le reste du temps ce n’était pas beaucoup mieux, à part Juillet-Aôut mais la mer me manquait beaucoup. Les Québécois ne sont pas plus accueillants ou gentils que les Français. Je ne sais vraiment pas avec quels Français les gens comparent. Et j’ai trouvé que les Français, en général, n’étaient pas très bien accueillis…

Il faut faire attention pour tout, les propriétaires demandent des cautions aux Français alors que c’est illégal parce qu’ils sont très bien au courant que les Français ne le savent pas, même pour les réparations automobiles, il fallait faire attention à ne pas se faire arnaquer.

Si j’avais le malheur de faire répéter quelqu’un parce que je n’avais pas compris j’avais le droit à toute une tirade m’expliquant que les Français ne savent pas parler Français, heureusement que les Québécois sont là pour préserver la langue Française. Alors sur ça il y en aurait des choses à dire, entre les fautes d’orthographe à tous les mots et l’utilisation de « c’est pas si pire » ou « si j’aurais su », même venant de la part de personnes haut-placées et éduquées, je ne compte pas sur eux pour que la langue française ait un avenir prospère. Et puis le maudit français a bon dos, dès que quelque chose ne va pas (l’augmentation des loyers, de plus en plus d’immigrés, les vols et j’en passe) c’est quand même bien souvent de la faute des Français. Lorsque j’ai eu mon premier emploi au Québec, une personne de l’Open Space m’a demandé si ça ne me dérangeait pas d’avoir volé l’emploi d’un Québécois.
Ensuite l’appartement dans lequel j’habitais était tellement mal isolé. J’entendais les gens au dessus de moi parler et marcher. En discutant avec d’autres personnes je me suis rendue compte que c’était la norme. Les appartements étaient juste fait comme ça et j’avais de la chance de ne pas avoir un couple avec des enfants au dessus de moi.

Ensuite pour les animaux à Montréal il faut un permis, à payer chaque année sinon nous risquons une amende de 300$. J’ai commencé à connaître des gens qui avaient des chiens et c’était super compliqué pour eux.

Mon chat.

La vie est loin d’être « pas chère », les restos, les microbrasseries, le cinéma et les sorties en général ne sont pas vraiment données. Bref pour moi ça devenait vraiment horrible, j’avais l’impression de devoir payer pour tout, même pour aller faire une petite randonnée il fallait payer l’entrée.

Comme j’étais en PVT je n’avais pas le droit à la RAMQ (la Sécurité Sociale Québécois) et l’accès à la santé n’est vraiment pas si facile. J’ai été malade, j’ai dû prendre une journée maladie pour aller dans une clinique sans RDV où j’ai attendu plusieurs heures et on m’a fait payé 200$ pour une visite de 5 minutes. Heureusement cette consultation m’a été remboursée par mon assurance voyage, mais l’assurance ne rembourse pas certains examens et tout ça est très onéreux. Personnellement je n’ai pas apprécié mon expérience au Québec, vers la fin je détestais vraiment cet endroit. Et les seuls amis que j’ai réussi à me faire étaient des Français qui n’appréciaient pas les Québécois !

La Traversée du Canada

J’ai ensuite décidé de prendre ma voiture, de traverser le Canada pour aller finir mon PVT à Vancouver. Là aussi, tous mes collègues Québécois m’ont bien fait la leçon, en m’expliquant que Vancouver est cher, que les gens ne sont pas gentils, que le climat est horrible et que la meilleure province du Canada est bien-sûr le Québec. J’ai décidé de ne pas les écouter, j’en ai discuté avec mes managers, qui ne sont pas Québecois, pour leur expliquer que, même si j’aimais beaucoup mon travail, je n’appréciais pas du tout Montréal et que je voulais aller voir sur la côte Ouest si ça me convenait mieux. Ils ont été extrêmement compréhensifs et comme nous avons des bureaux sur Vancouver ils ont accepté de me transférer en Mars 2019, pile un an après mon arrivée à Montréal.

La traversée du Canada, environ 5000 km de voiture, toute seule avec mon chat n’a pas été de tout repos mais ça a été très enrichissant. J’ai même aimé traverser les plaines du Manitoba et Saskatchewan. Pour Vancouver j’avais pris un AirBnB pour 3 semaines le temps de me trouver un appartement, mais au moins cette fois-ci j’avais déjà un emploi. Je ne vais pas dire qu’ici tout est rose car ce n’est pas le cas. Trouver un appartement où les animaux de compagnie sont acceptés a été très compliqué, j’ai failli frauder en prenant un appartement où les animaux sont interdits car je ne pouvais pas me retrouver à la rue. J’ai finalement réussi à trouver un logement pour ma boule de poils et moi, mais à New Westminster, pas à Vancouver. Mon assurance auto a beaucoup augmenté aussi, en fait elle a triplé. L’un dans l’autre je suis un peu perdante financièrement par contre je trouve que la qualité de vie est vraiment plus agréable. J’ai retrouvé la mer, il y a la montagne et les beaux paysages. Il y a beaucoup d’endroits gratuits où faire des randonnées, je trouve les gens ici beaucoup plus accueillants et plus ouverts à l’immigration. Et en plus, j’ai appris en arrivant que contrairement au Québec j’avais le droit à la MSP (Sécurité de Sociale de Colombie Britannique) au bout de 3 mois que je travaillais là. L’accès à la Résidence Permanente est aussi plus rapide et plus facile. Donc même si financièrement c’est moins intéressant, je me sens beaucoup mieux ici et j’ai décidé d’y rester un peu plus longtemps que prévu.

La France Vs. Le Canada

Si je dois comparer à la France j’avoue que Cassis et le Sud me manque beaucoup, et pour être honnête si j’avais pu avoir mon emploi d’ici là-bas, je serais rentrée. Mais l’environnement de travail est quand même plus agréable ici. C’est sûr que je n’ai plus 7 semaines de congés par an car j’avais aussi les RTT en France. Mais je n’ai plus la boule au ventre à chaque fois que je vais au travail. Dès que j’ai commencé à travailler, mon manager m’avait prise à part pour me dire que j’étais la seule fille de l’équipe mais que s’il y avait le moindre soucis il fallait que je vienne le voir immédiatement car ils ne rigolaient pas avec ça. Tous les ans nous avons une formation pour expliquer ce qui est acceptable ou non en ce qui concerne les relations entre collègues. Et l’entreprise ne prend aucun risque avec ça car elle risquerait trop gros. Et ça, pour moi, c’était vraiment un gros point positif.

Ce que j’aurais aimé savoir avant de partir.

Je pense qu’avant de partir j’aurais aimé avoir un peu plus de retours négatifs, j’aurais aimé qu’on me dise que ce n’est pas grave de ne pas aimer un endroit, que ça ne fait pas de moi une mauvaise personne, ça ne fait pas de moi une personne qui ne veut pas s’intégrer et c’est important de voir autre chose pour savoir ce qui te convient. Lorsque j’ai décidé de quitter Montréal j’ai été très jugée, notamment par les Français installés là-bas qui s’y plaisent (parce que oui, ils existent) et je ne trouve pas ça normal. Je n’ai fait de mal à personne, j’ai essayé et ce n’était pas pour moi.

Je ne veux pas continuer à véhiculer ce mythe de l’Eldorado des Français parce que quelque part, je pense qu’il n’existe pas. Je me sens pour le moment bien à Vancouver mais je sais que je n’y resterai pas plus de 2 ans. J’aimerais ensuite tester l’Asie, peut-être Hong-Kong et Taïwan, et mon grand rêve serait ensuite d’essayer de m’installer en Australie. Donc ce que je dirais aux Français qui décident de venir au Canada c’est ayez un plan B, assez d’argent pour tester un autre endroit si ça ne vous convient pas et ne pas se focaliser sur ce « je dois essayer un peu plus ». Si ça ne vous convient pas ce n’est pas grave, comme on dit vous n’êtes pas des arbres si l’endroit où vous êtes ne vous convient pas alors bougez. Venir au Canada peut être le premier pas, mais le monde est vaste, ne vous fermez pas de portes et le Canada ne se résume pas qu’au Québec.


Je tiens à remercier Morgane qui a pris le temps de partager son histoire avec nous et j’espère que ses conseils vous seront bénéfiques. Je vous invite à la suivre et la contacter sur son Instagram.

À très vite pour un prochain témoignage d’expatrié français !

Ferdy ♡

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