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Suis-Je Libre au Canada ?

En Septembre 2020 je soufflerai ma huitième bougie au Canada ! 8 ans dans un pays ce n’est pas rien ! On peut dire que j’ai assez d’expérience et de recul pour vous donner mon avis sur le sujet surtout que j’ai vécu dans deux provinces très différentes, une dans l’est et francophone, le Québec et une autre dans l’ouest et anglophone, l’Alberta.

C’est sûr qu’avec le Covid, depuis Mars la liberté de circulation est très limitée. Dans notre région, la situation a été très bien maitrisée et nous sommes déconfinés depuis le 14 mai. Nous revenons tout juste de notre première escapade depuis le début de cette pandémie, trois nuits en camping dans les rocheueses. Nous ne sommes pas à plaindre, mais pas du tout ! 🙂


Cela fait un peu plus de six ans que je vis à Edmonton en Alberta. J’ai toujours été active professionnellement, cela fait donc 6 ans que je travaille. Je peux clairement dire que je suis libre et le sentiment de liberté n’a pas de limite ici. Oui je suis libre, je n’ai aucune restriction, je peux faire, dire, aller où je veux. Je peux m’habiller comme je veux et, je suis libre d’être qui je suis et de l’exprimer verbalement et physiquement. Je suis libre de pratiquer ma religion, d’étudier et de travailler peu importe mes convictions religieuses. C’est sur ce point que je vais m’attarder le plus, car ce sentiment de liberté je ne l’ai pas vécu dans d’autres pays.

Je n’ai jamais ressenti en six ans à Edmonton une différence de traitement à mon égard, de discrimination ou quelconque injustice. Je suis une citoyenne comme une autre et ça fait TROP du bien.

Le Canada est reconnu pour être un pays sécurisé et c’est vrai ! Je le dis toujours, ma maison ne s’arrête pas à mon chez moi. Cette sécurité que vous ressentez chez vous je la ressens dehors, dans la rue, dans les lieux publics, partout ! Je me sens chez-moi à l’extérieur. Car à aucun moment je me sens en insécurité, regardé ou jugé. Cette liberté n’a pas de limite. J’ai pas mal voyagé à travers le Canada et j’ai toujours été reçu, traité dignement et avec beaucoup de respect.

Physiquement, il est facile de me distinguer, car je porte le voile, je montre avec ce symbole que je suis musulmane. Plusieurs fois je me suis fait poser la question sur la longueur et la couleur de mes cheveux et, ça me fait sourire. Cela permet de discuter de religion et de comparer la mienne avec la leur, quel enrichissement ! Les canadiens sont tolérants et ouverts d’esprit, je n’ai jamais eu aucun soucis avec ça.

Revenons un peu en arrière, en 2012. Je suis arrivée à Montréal pour la première fois en septembre 2012 en tant que touriste. Avec le passeport français on peut rester 6 mois sur le territoire. Mon but était de profiter du Québec le temps que mon mari termine ses études. Finalement, après quelques mois, on a décidé de rester un peu plus et mon mari m’a proposé de me parrainer pour obtenir la résidence permanente. J’ai donc lancé les démarches et en à peine 4 mois je l’ai obtenu. 8 mois se sont écoulés entre la date de mon arrivée à Montréal et le début de ma recherche d’emploi.

En Mai 2013, ma résidence permanente en poche, j’ai commencé à postuler aux offres. À chaque fois que je postulais, j’obtenais des entretiens téléphoniques qui débouchaient systématiquement sur des entretiens physiques ! Nous sommes en été 2013, Marois voulait mettre en place la charte des valeurs. Le sujet faisait la une des journaux et j’ai alors commencé à voir un autre visage du Québec ! Je rappelle que pendant presque un an, je n’avais jamais subit de discrimination dans la rue ou ailleurs jusqu’à ce que j’entende le nom Marois ! Je n’oublierais jamais cette journée à Montréal, j’étais avec une amie dans le métro où j’ai entendu une voix derrière moi crier: “NON aux femmes voilées” ! Je me suis retourné, j’ai regardé autour de moi, le wagon était pas mal vide. Elle parlait de moi ! Énorme choc !

Je reviens à ma période de recherche de travail, je postulais donc et j’enchaînais les entretiens téléphoniques et physiques. Et malgré un profil qui attirait et correspondait aux offres d’emplois je n’obtenais pas le poste à cause de mon apparence physique qui a été clairement dit lors de deux entretiens ! Après avoir subit deux entretiens violents et ressortit en pleure j’ai décidé d’arrêter toute recherche de travail et je me suis inscrite pour faire une formation de 3 mois pour décrocher un certificat en entrepreneuriat dans un CEGEP, je l’ai fait “juste pour m’occuper” le temps de quitter Montréal définitivement. Je ne pouvais pas me voir vivre dans une ville où je n’étais pas accepté !

Ce projet de loi avait fait scandale dans le reste du Canada, les provinces anglophones se sont manifestés et ils étaient contre ce que le gouvernement Marois voulait mettre en place. La province de l’ontario avait fait une campagne publicitaire afin de recruter les musulmanes voilées ! ”We don’t care what’s on your head. We care what’s in it.”

Entre 2013 et 2014, plusieurs familles musulmanes ont quitté la province du Québec pour ces raisons. Je ne dis pas qu’il est impossible de travailler au Québec avec son voile, j’ai deux amis qui portent le voile et qui travaillent à Montréal, une à l’hôpital et une dans le secteur bancaire.

Je sais que cette année, le débat a refait surface au Québec et une loi est entrée en vigueur contre les signes religieux. Je n’ai pas trop suivi l’affaire, ne me sentant pas concerné, mais je trouve ça tellement triste, car c’est à l’encontre des valeurs du Canada et le Québec se distingue de nouveau avec cette loi.

Si demain, je vais vivre au Québec, me sentirais-je aussi libre qu’en Alberta ? Je ne sais pas… mais je garde espoir que oui, car Montréal restera toujours ma ville de cœur !

Ferdy ♡

« Cet article participe au RDV #HistoiresExpatriées organisé par le blog L’occhio di Lucie – Ce thème a été proposé par la marraine du mois de Juin, Agnés du blog Family in Jordan

Vous connaissez désormais mon ressenti sur le Canada, allons voir du côté des autres pays, avec la participation de :

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